Cest lĂ  que l’analyse nous incite Ă  ce rappel qu’on ne connait pas d’amour sans haine.1 Haine et amour Le propos de Lacan n’est pas de rappeler ce que tout un chacun connait bien, le possible basculement de l’un dans l’autre. Non, ici la haine est d’emblĂ©e concernĂ©e dĂšs que l’amour entre en jeu. Et Lacan prĂ©cise bien qu
La psychanalyse, tout le monde le sait, a pris son essor au XIXe siĂšcle, dans le sillage d’un certain Sigmund Freud. Tout le monde a entendu parler de la psychanalyse, certains en ont commencĂ© une, bref, c’est devenu au fil du temps une technique relativement banale. Pour autant, bien peu de gens Ă  mon avis arrivent Ă  cerner le but de cette ce but est, du moins en thĂ©orie, facile Ă  comprendre y parvenir, c’est une autre paire de manches ce but est que le psychanalysĂ© arrive Ă  s’accepter tel qu’il est et non tel qu’il se fantasme par sa propre imagination, ce qui crĂ©e inĂ©vitablement des conflits lorsque l’individu se heurte Ă  la rĂ©alitĂ©. En gros, il ne s’agit pas tant de se dĂ©barrasser de ses casseroles » que de les accepter, d’accepter enfin de vivre avec, de les admettre comme faisant partie de soi, de ne plus tenter de les enfouir Ă  tout proverbes illustrent cette dĂ©marche I forgive but I don’t forget » je pardonne mais je n’oublie pas ; S’aimer, c’est parvenir Ă  pardonner Ă  l’enfant que nous avons Ă©tĂ© ».La dĂ©marche analytique est donc un apprentissage parfois long et douloureux mais salvateur de l’amour de soi. S’aimer n’est pas du tout une dĂ©marche narcissique, bien au contraire. Le but n’est pas ici de flatter son ego, mais de tendre Ă  ne pas se surestimer, ni se sous-estimer. Ça paraĂźt simple, n’est-ce pas ? Mais si c’était si simple que ça en pratique, alors il y a fort Ă  parier que les psychanalystes n’existeraient plus depuis belle lurette. Donc, facile Ă  dire oui ; facile Ă  faire ? C’est loin d’ĂȘtre raison en est facile Ă  comprendre pour se protĂ©ger, la plupart des gens dĂ©pensent une Ă©nergie parfois considĂ©rable Ă  Ă©laborer un personnage, une sorte de façade, un dĂ©guisement en somme, qu’ils n’enlĂšvent qu’une fois qu’ils sont seuls et certains de ne pas ĂȘtre dĂ©rangĂ©s sous leur douche ou dans leur lit de cĂ©libataire. Ce faisant, ils entrent plus ou moins consciemment dans une dĂ©marche de sĂ©duction, un jeu tentant en permanence de se montrer sous leur meilleur profil, allant mĂȘme jusqu’à se crĂ©er des mythes lors de certains Ă©changes Oui, heu, moi, je suis plutĂŽt comme ci ou comme ça, etc. ». Ils vivent donc du moins socialement dans un paraĂźtre trĂšs souvent Ă©loignĂ© de leur rĂ©alitĂ©, une fois le soir de fois n’avons-nous pas entendu la phrase Jamais je n’aurais pu imaginer que X ou Y pouvait ĂȘtre comme ça ! » si ou quand, par malheur, le pot-aux-roses est dĂ©voilĂ© un jour. Eh bien, le but de la psychanalyse est d’amener l’individu Ă  ne plus rejeter par le dĂ©ni qui il est, mais au contraire de ne chercher ni Ă  masquer, ni Ă  cacher tous les aspects de sa personnalitĂ© en tout premier Ă  lui-mĂȘme et, Ă©ventuellement, de ne pas avoir peur de se montrer tel qu’il est aux yeux des clair, la psychanalyse tend Ă  amener le psychanalysĂ© Ă  changer de logiciel, se dĂ©barrassant du jeu Ă  paraĂźtre » au profit de simplement ĂȘtre ». C’est trĂšs compliquĂ© pour ces gens habituĂ©s Ă  leur image » et sensibles avant tout au regard et au jugement des autres, toujours dans l’optique du personnage mythique qu’ils se sont construit au fil du point essentiel dans tout ça et que je retiens, c’est l’amour. Car comment peut-on espĂ©rer aimer les autres si l’on n’arrive pas Ă  s’aimer soi-mĂȘme ? Et ici encore, la dĂ©finition tolstoĂŻenne de l’amour prend toute son ampleur et sa pour la psychanalyse. Rendez-vous bientĂŽt pour le troisiĂšme chapitre La libertĂ© ». Alain CrĂ©mades

Importancede l’amour en psychanalyse. L’amour en psychanalyse est considĂ©rĂ© comme un domaine qui va au-delĂ  du champ du Bien. Le psychanalyste doit se servir de l’amour en tant que moyen pour atteindre son but, lequel, en effet, ne doit pas ĂȘtre confondu avec un combat pour le Bien du sujet[1]. Il y a quelque chose de l’ordre du rapport du sujet Ă  l’amour

Au commencement Ă©tait le sentiment l’hainamoration? Nous allons poursuivre ce soir le travail entamĂ© le mois dernier, Ă  partir d’une question posĂ©e lors de la discussion. Paola Casagrande avait dit qu’aprĂšs m’avoir Ă©coutĂ© qu’il lui semblait que rien ne prouvait que la haine Ă©tait antĂ©rieure Ă  l’amour, contrairement Ă  ce que Freud avait affirmĂ©. Paola, par cette Ă©nonciation, a produit un vĂ©ritable acte analytique. En effet, elle m’a fait entendre ce que j’avais dit, sans savoir que je l’avais dit, et me l’a fait entendre dans l’aprĂšs-coup. Cela m’a mis au travail, et c’est ce travail que je vous prĂ©sente ce soir. C’est vĂ©ritablement cet effet que j’attends d’un sĂ©minaire psychanalytique. Un sĂ©minaire analytique n’est pas le partage d’un savoir, ou la transmission d’un savoir, ce qui est de l’ordre du discours universitaire qui transmet un savoir constituĂ© et donne lieu Ă  un diplĂŽme universitaire. Un tel diplĂŽme ne peut d’aucune façon lĂ©gitimer une pratique de l’analyse. Celle-ci ne peut se lĂ©gitimer que de son acte, comme celui Ă©voquĂ© tout Ă  l’heure. L’acte analytique ne peut se faire que dans le cadre d’un transfert. Lors d’un sĂ©minaire analytique, il s’agit d’un transfert de travail, qui seul, avec bien sĂ»r le transfert dans la cure ou celui d’une analyse de contrĂŽle permet un tel acte. Il y a, ainsi, lors d’un sĂ©minaire, transmission d’un savoir non pas d’un savoir constituĂ©, qui peut de surcroit aussi s’y transmettre, mais d’un savoir sur l’inconscient qui dĂ©bouche sur une mise au travail de l’inconscient. Ainsi, un sĂ©minaire psychanalytique n’est pas un cours, mais l’exposĂ© d’un travail en cours, mettant en jeu l’inconscient du sujet qui s’y expose. Evidemment, cela ne peut se produire que si un sujet s’y expose et si au moins un de ceux ou celles qui y participent accepte d’y ouvrir son inconscient; d’oĂč la nĂ©cessitĂ© du dit transfert de travail. Pour en revenir Ă  la question de la haine, le dire de Paola m’est apparu dans la prĂ©paration du sĂ©minaire de ce soir d’une justesse assez extraordinaire. En tenant Ă  rĂ©affirmer cette position qu’il n’y avait pas deux pulsions qui s’opposent, la pulsion de vie et la pulsion de mort, mais une seule pulsion dans une structure moebienne, il Ă©tait logique de produire la mĂȘme structure moebienne Ă  l’égard de l’amour et de la haine. En effet, Freud Ă©crit dans une note ajoutĂ©e en 1923 au texte sur le petit Hans Son opposition de la pulsion de destruction ou pulsion de mort aux pulsions libidinales vient Ă  s’exprimer dans la polaritĂ© bien connue de l’aimer et le haĂŻr 1». Il Ă©nonce lĂ , clairement, que l’amour et la haine sont l’expression, la manifestation des pulsions de vie et de mort. 1 S. Freud. Analyse de la phobie d’un garçon de cinq ans. IX. P123. Mais Paola a avancĂ© un argument, et c’est celui-ci qui est si juste. Elle pose la question de savoir si la haine est premiĂšre. En effet, la seule occurence que j’ai trouvĂ©e, oĂč Freud, admet une remise en question possible de l’opposition entre pulsion de vie et pulsion de mort, c’est-Ă -dire de deux pulsions distinctes, est dans Le moi et le ça » oĂč il parle de la transformation de la haine en amour ou de l’amour en haine Si cette transformation est plus qu’une simple succession temporelle, donc un relais2 ou une rĂ©solution, alors Ă©videmment le sol vient Ă  manquer pour une diffĂ©renciation aussi fondamentale que celle entre pulsions Ă©rotiques et de mort, qui prĂ©suppose des processus physiologiques aux cours opposĂ©s 3». Ainsi, pour Freud, il est indispensable qu’il y ait cette succession temporelle entre la haine et l’amour pour pouvoir affirmer l’existence de deux pulsions. Il apparaĂźt alors que de savoir si la haine est premiĂšre ou pas est fondamental pour soutenir cette affirmation qu’il n’y a qu’une seule pulsion. Freud soutient donc cette position, oĂč la haine et l’amour viennent l’un aprĂšs l’autre occuper la place, voire parfois se mixer l’un Ă  l’autre, ce qui donne l’ambivalence, sinon cela signifie qu’il ne s’agit pas de deux entitĂ©s distinctes. Cela est contenu dans la signification du terme allemand d’ ablösung » . Il va ainsi logiquement avancer et soutenir que la haine est premiĂšre dans le temps. En effet, pour Freud, l’extĂ©rieur, l’objet, le haĂŻ seraient au tout dĂ©but identiques, et comme nous l’avons vu la derniĂšre fois, c’est ainsi que l’objet sera constituĂ©. Dans le mĂȘme temps que se constitue l’objet, le moi est Ă©galement constituĂ© par l’effet de la haine, et se dĂ©finit comme ce qui n’est ni extĂ©rieur, ni haĂŻt, ni donc objet; l’amour en tant qu’amour narcissique n’intervenant alors qu’en un temps second. Ceci est manifeste quand on rappelle que lorsque Freud dĂ©couvre la pulsion de mort, il substitue celle-ci aux pulsions de conservation du moi. La haine apparaĂźt ainsi comme le garant de la conservation du moi, aprĂšs l’avoir formĂ©. Si la haine vient d’abord, c’est donc que l’auto-conservation constitue un mobile primaire dans tout les sens du terme . La haine s’alimente en quelque sorte dans le souci de soi, lĂ©gitime. C’est ce qu’affirme Freud dans Pulsions et destin des pulsions » On peut mĂȘme affirmer que les prototypes vĂ©ritables de la relation de haine ne sont pas issus de la vie sexuelle, mais de la lutte du moi pour sa conservation et son affirmation »4. Il y a alors une relation toutĂ  fait intime entre le moi et le sentiment de haine, sans que l’on puisse clairement savoir lequel antĂ©cĂšde l’autre. Nous avons Ă©voquĂ© le sentiment de haine, car il n’y a pas Ă  douter que la haine soit un sentiment, le plus souvent inconscient, un affect, ce qui ne peut exister qu’aprĂšs la formation du moi, donc dans un effet d’aprĂšs-coup. 2 Paul-Laurent Hassoun, dans La haine la jouissance et la loi. sous la dir. de Hassoun et M. Zafiropoulos. Psychanalyse et pratiques sociales. Anthropos. 1995. Il remarque que le mot allemand, ici traduit par relais » et qu’il traduit par rĂ©solution, est Ablösung, qui note-t-il contient Ă  la fois l’idĂ©e de dissolution » Lösung, d’ mamortissement » d’une hypothĂšque! et de transmission par laquelle quelqu’un vient Ă  assumer l’activitĂ© de quelqu’un d’autre tout cela est contenu dans le passage » de l’amour Ă  la haine. 3 S. Freud. Le moi et le ça. XVI. P286. 4 S. Freud. Pulsions et destin de pulsions. In XIII. P185. P41 in MĂ©tapsychologie, IdĂ©es Gallimard. Ceci n’est pas sans contradictions, relevons celle-ci concernant l’identification, largement Ă©voquĂ©e lors du dernier sĂ©minaire, ici mĂȘme, oĂč en particulier c’est lors de la premiĂšre identification, phase du miroir pour Lacan, que se constituent le moi et l’objet. Freud Ă©crit dans La psychologie collective et analyse du moi » La psychanalyse voit dans l’identification » la premiĂšre manifestation d’un attachement affectif Ă  une autre personne 5». Pour cette premiĂšre relation Ă  l’objet, Freud parle d’attachement affectif, et lĂ  il n’est pas question directement de haine, comme Ă©voquĂ©e tout Ă  l’heure. L’attachement affectif est le noeud de cette affaire, car il s’agit du premier sentiment, lors de l’identification narcissique comme il l’appelle dans Deuil et mĂ©lancolie 6» . Il Ă©crit L’identification est d’ailleurs ambivalente dĂšs le dĂ©but 7». Ce qui laisse entendre que dĂšs le dĂ©but il est questiond’ambivalence, ce qui n’est plus tout Ă  fait la mĂȘme chose que la haine. Ceci est Ă  l’origine d’une confusion dans la littĂ©rature analytique, oĂč trĂšs souvent les analystes parlent d’ambivalence en lieu et place de la haine, en particulier chez les post-freudiens, mais aussi chez des lacaniens. Nous y reviendrons. L’ambivalence et la haine ne sont pas les mĂȘmes choses. L’ambivalence est un mĂ©lange d’amour et de haine, Freud est clair dans ce texte, oĂč il Ă©crit Elle se comporte comme un produit de la premiĂšre phase, de la phase orale de l’organisation de la libido, de la phase pendant laquelle on s’incorporait l’objet dĂ©sirĂ© et apprĂ©ciĂ© en le mangeant, c’est-Ă -dire en le supprimant 8». Il apparaĂźt lĂ  que l’amour et la haine sont, et ceci depuis l’origine, intrinsĂšquement liĂ©s, voire mĂȘme indissociables aimer c’est aussi dĂ©truire. Il est ainsi difficile de soutenir que l’amour n’est pas du cĂŽtĂ© de la pulsion de mort. Alors, d’un cĂŽtĂ© Freud nous dit que la haine est premiĂšre chronologiquement et d’un autre cĂŽtĂ© il nous dit que dĂšs le dĂ©but c’est d’ambivalence qu’il s’agit. Et cette question est Ă  l’origine de confusions, de complexitĂ©s et de circonvolutions infinies pour retomber sur ses pieds. Au dĂ©part, il y a un sentiment, qualifiĂ© soit de haine soit d’ambivalence; alors on peut choisir soit de confondre haine et ambivalence, soit de penser qu’il y a au dĂ©part un sentiment complexe, peut ĂȘtre encore indiffĂ©renciĂ©, pour lequel le concept d’ambivalence, trop marquĂ©, ne convient pas. En 1973, Lacan lors du sĂ©minaire Encore » invente le terme d’ hainamoration ». C’est le choix que nous avons fait, c’est-Ă -dire de penser ce premier sentiment humain est fait Ă  la fois d’amour et de haine, tel qu’au dĂ©part, au moins, amour et haine soient indiffĂ©renciĂ©s. Ce n’est que dans un second temps que l’amour et la haine vont pouvoir progressivement acquĂ©rir chacun, mais seulement en partie, leur identitĂ© propre, tels qu’ils pourraient apparaĂźtre comme des opposĂ©s. 5 Freud. Psychologie collective et analyse du moi. In Essais de psychanalyse. Petite BibliothĂšque Payot. Paris. 1968. P 126. 6 L’identification narcissique est la plus originelle ». Deuil et mĂ©lancolie. XIII. P271. 7 Psychologie collective et analyse du moi. Op. Cit. P127. 8 Ibid. Ainsi, nous soutenons qu’au commencement Ă©tait l’hainamoration ce qui donne Ă  la haine et l’amour une structure moebienne. Nous pensons que Freud ne peut penser une thĂ©orisation de la psychanalyse autrement qu’en mettant en opposition deux Ă©lĂ©ments contradictoires. DĂšs Les Ă©tudes sur l’hystĂ©rie » en 1895, il met en place le conflit psychique. Tout d’abord par l’opposition entre conscient et inconscient Ă  partir du refoulement. Nous y trouvons le refoulĂ© et le non-refoulĂ© qui rĂ©pond Ă  ce processus binaire du plaisir/dĂ©plaisir. Puis, il remarque qu’il y a du plaisir dans le dĂ©plaisir. Pour en rendre compte, il lui est nĂ©cessaire de recourir Ă  la perversion. Il invoque le masochisme, qu’il Ă©tend Ă  toute la vie psychique, avec cette question que nous rappelions oĂč il s’agit de savoir si le masochisme est primaire ou si c’est le sadisme qui se retourne sur le moi, thĂšse qu’il retiendra dans un premier temps. Ce n’est qu’en dĂ©couvrant la pulsion de mort qu’il soutiendra que le masochisme est primaire et que le retournement du sadisme sur le moi est une forme secondaire du masochisme. Sadisme et masochisme s’opposent, tout en n’étant pas ni complĂštement diffĂ©rent, ni symĂ©trique l’un de l’autre; et ayant Ă©galement des sources diffĂ©rentes le sadisme tient son Ă©nergie de la nĂ©cessitĂ© d’éviter le dĂ©plaisir et le masochisme d’une propriĂ©tĂ© inhĂ©rente Ă  la matiĂšre vivante. De mĂȘme, pour comprendre la question de la pulsion, il lui faut aussi une opposition entre deux pulsions ou groupes de pulsions tout d’abord celle entre les pulsions libidinales et les pulsions du moi ou de conservation du moi; puis entre celles de vie et de mort. Or, afin de conceptualiser le systĂšme psychique, il forme un modĂšle tripartite le conscient, le prĂ©conscient et l’inconscient, oĂč il dĂ©crit le processus psychique sous les trois rapports dynamique, topique et Ă©conomique; puis un second modĂšle avec le moi, le ça et le surmoi. Ainsi, d’un cĂŽtĂ© il met en place un systĂšme d’opposition Ă  deux termes, conflictuel, comme entre l’intĂ©rieur et l’extĂ©rieur, le moi et le non-moi, et de l’autre cĂŽtĂ© une structure triangulaire comme le complexe d’Oedipe. En effet, il s’agit de concilier un aspect physique ou physiologique a deux dimensions avec celui Ă  trois dimensions qui est celui du signifiant, de l’ĂȘtre-parlant, de la vie psychique humaine qui n’existe qu’à partir du langage. Freud ne le produira pas; bien qu’il ait mis en place ce qui est nĂ©cessaire Ă  une autre nformalisation. DĂšs les Etudes sur l’hystĂ©rie » il parle du clivage. Il n’étudiera, partiellement, cette notion qu’à la fin de son Ɠuvre. Lacan, quant Ă  lui, n’a jamais soutenu ce principe d’opposition, si ce n’est pour en montrer l’asymĂ©trie. En effet, trĂšs vite, il va dĂ©velopper la question de la division du sujet, qui sera notĂ© $, introduit pour la premiĂšre fois dans le graphe lors du sĂ©minaire Les formations de l’inconscient » en 1957. Pour lui, il ne s’agit pas d’un conflit intra-psychique ou de deux pulsions contraires, mais de l’effet du signifiant sur un sujet dĂšs l’entrĂ©e dans le langage. Lacan n’a pas besoin de mĂ©taphoriser cette division par la mise en Ă©vidence des oppositions. Il va de soi que cela se produit et que les apparents contraires ressortissent Ă  des occurrences diffĂ©rentes du signifiant. Si Freud ne peut lĂącher le concept de deux pulsions opposĂ©es et son corollaire de l’opposition de la haine et de l’amour, oĂč la haine serait antĂ©rieure Ă  l’amour, c’est, nous semble-t-il, par une thĂ©orisation insuffisante de la question du clivage et donc de la division subjective. Dans notre clinique, quand un sujet Ă©nonce une contradiction ou une opposition interne Ă  son psychisme, nous ne nous posons pas la question en terme d’opposition ou de contradiction qu’il s’agirait de faire reconnaĂźtre comme telle au sujet, mais en terme de division du sujet en regard du signifiant, afin qu’au dĂ©cours de la cure le sujet puisse se reconnaĂźtre comme divisĂ©. Par exemple, quand un sujet s’interroge pour dĂ©cider d’aller dans le sens de son dĂ©sir, pour autant qu’il puisse en savoir quelque chose, ou d’aller vers une norme sociale, c’est- Ă -dire d’obĂ©ir Ă  une injonction du surmoi qui peut lui apparaĂźtre comme venant de l’Autre, nous ne pensons pas ce qu’il se passe en tant que conflit, semblant se produire entre le moi et l’Autre, dont la rĂ©solution a pu ĂȘtre thĂ©orisĂ©e par un renforcement du moi, mais en tant que choix du sujet, oĂč un sujet est reprĂ©sentĂ© par un signifiant pour un autre signifiant. C’est ce qu’en disent nos patients J’ai Ă  faire un choix », on est ainsi au plus prĂšs du dire du sujet. Ceci est une Ă©volution de la thĂ©orie et de la pratique analytiques consĂ©cutive Ă  ce que Lacan a transmis. Nous ne pensons pas que Lacan, dans l’ensemble de ses Ă©crits et sĂ©minaires ait pu contredire notre thĂšse de la structure moebienne de l’amour et la haine. Il y met toutefois deux rĂ©serves le lien avec l’ambivalence d’une part, et d’autre part que l’amour et la haine ont deux supports diffĂ©rents. Nous avons dĂ©jĂ  abordĂ© la relation Ă  l’ambivalence que nous allons approfondir. Il a Ă©crit dans L’étourdit » que L’amour-haine, c’est ce dont un psychanalyste mĂȘme non lacanien ne reconnaĂźt Ă  juste titre que l’ambivalence, soit la face unique de la bande de Moebius, – avec cette consĂ©quence, liĂ©e au comique qui lui est propre, que dans sa vie » de groupe, il n’en dĂ©nomme jamais que la haine 9». Il note lĂ  deux problĂšmes de ne pas diffĂ©rencier l’amour de la haine, ce que nous nous emploierons Ă faire tout Ă  l’heure, et cela nous semble fondamental, et la confusion que nous avons Ă©voquĂ©e, oĂč pudiquement l’emploi dans ce sens du terme d’ambivalence dĂ©signe la haine qui transparait dans l’amour, comme si elle ne lui Ă©tait pas consubstantielle. C’est ce qu’il dit dans le sĂ©minaire 9 L’ÉTOURDIT. In pas tout Lacan. Texte du 14 juillet 1972. P1438. Encore » quand il introduit cette notion nouvelle de l’hainamoration Si l’hainamoration, justement, elle la psychanalyse avait su l’appeler d’un autre terme que de celui, bĂątard, de l’ambivalence, peut-ĂȘtre aurait-elle mieux rĂ©ussi Ă  rĂ©veiller le contexte de l’époque oĂč elle s’insĂšre 10». Il l’énonçait dĂ©jĂ  explicitement Ă  propos du transfert en 1968 ambivalence pour user du mot dont la bonne Ă©ducation psychanalytique dĂ©signe la haine 11». Or, dans le transfert, en particulier dans le transfert nĂ©gatif, c’est d’une vĂ©ritable haine dont il s’agit. D’ailleurs, cette haine n’est pas l’apanage de l’analysant. Ce que montre bien Luis Eduardo Prado De Oliveira dans son livre La haine en psychanalyse12 ». Nous allons jusqu’à poser la question de savoir si la pratique de certains analystes, et non des moindres, avec certains de leurs analysants, n’a pas Ă©tĂ© de dĂ©velopper l’amour de transfert en haine. Nous pensons Ă  Freud qui a pris sur son divan sa propre fille Anna, Ă  Lacan qui a eu des relations sexuelles avec Catherine Millot et Ă  Donald Winnicott avec son analysant Masud Khan qui en plus se recevaient en couple les uns chez les autres. Peut ĂȘtre ces analystes Ă©taient- ils suffisamment forts ou suffisamment bons? pour s’arranger avec leur jouissance, mais leurs analysants? A l’évidence le concept d’ambivalence ne convient pas pour ces exemples extrĂȘmes, contrairement Ă  celui d’hainamoration. Donc, au commencement Ă©tait l’hainamoration, premier sentiment; Ă  ce moment, l’amour et la haine sont encore indiffĂ©renciĂ©s. Le moi et l’objet se constituent, comme nous l’avons envisagĂ© lors du prĂ©cĂ©dent sĂ©minaire, dans un double rapport Ă  l’image ou Imago, en miroir, donc dans le registre imaginaire; et symbolique par un processus de subjectivation, une reprĂ©sentation qui est l’idĂ©al du moi. Pour le dire autrement l’identification imaginaire, celle du moi qui est une image extĂ©rieure au sujet et une reprĂ©sentation interne au sujet, signifiante, qui est l’idĂ©al du moi. Comme vous le voyez, Ă  dĂ©faut de vous le reprĂ©senter, cela se passe entre un dehors et un dedans , un moi et un non-moi qui ne sont pas superposables. C’est lĂ  que la structure moebienne peut venir simplifier les choses, oĂč le dedans et le dehors sont sur les deux faces de la bande de Moebius, qui sont en fait une seule et mĂȘme face; il en va alors de mĂȘme pour le moi et l’Autre. 10 J. Lacan; SĂ©minaire XX. Version Valas. P192. 11 J. Lacan. Introduction de Silicet au titre de la revue de l’école freudienne de Paris. In Pas tout Lacan. P1182. Janvier 1968. 12Luis Eduardo Prado De Oliveira. La haine en psychanalyse. Liber. MontrĂ©al. 2018. Qu’est-ce que cette structure moebienne? Lacan l’explique bien dans le sĂ©minaire XVIII Or ce qu’il s’agissait de vous faire toucher du doigt, c’est la possibilitĂ© d’une inscription double Ă  l’endroit, Ă  l’envers sans qu’ait Ă  ĂȘtre franchi un bord. C’est la structure dĂšs longtemps bien connue dont je n’ai eu qu’à faire usage dite de la bande de Moebius 13». Il vous devient peut-ĂȘtre plus perceptible que cette structure moebienne vient poser d’une façon radicalement diffĂ©rente ces questions du dedans et du dehors et surtout du moi et de l’autre. Les opposĂ©s sont finalement en continuitĂ©, il n’y a pas de bord entre eux. Poursuivons notre raisonnement, sur ce qui vient diffĂ©rencier la haine de l’amour Ă  partir du premier sentiment qu’est l’hainamoration. Si, lors de l’identification le moi se reconnaĂźt comme identique Ă  soi-mĂȘme », que l’on peut Ă©crire soi m’aime », il va identifier le moi Ă  l’idĂ©al du moi, s’incorporer comme dirait Freud et ainsi se constituer comme moi, le moi s’intĂ©riorise et se trouve symbolisĂ©, se nomme comme moi; et s’il ne lui semble pas ĂȘtre identique Ă  soi-mĂȘme », il est un objet, un autre, un soi-m’aime-pas », un soi-haĂŻ » et reste au dehors, Ă  l’extĂ©rieur. Ainsi, il apparaĂźt que l’amour se situe Ă  l’articulation de l’imaginaire et du symbolique, alors logiquement la haine devrait se situer Ă  l’articulation de l’imaginaire et du rĂ©el, ce que nous montrerons tout Ă  l’heure. L’amour et la haine de ce point de vue ne sont pas des opposĂ©s, mais au contraire apparaissent comme deux pĂŽles de l’imaginaire entre le rĂ©el d’un cĂŽtĂ© et le symbolique de l’autre. Lacan amĂšne cela dĂšs le sĂ©minaire I sur le moi, oĂč entre le rĂ©el et le symbolique, se trouve la troisiĂšme passion de l’ĂȘtre l’ignorance14. Les mĂ©canismes Ă  l’Ɠuvre pour dĂ©terminer si on a affaire Ă  l’amour ou la haine sont le plaisir et le dĂ©plaisir. Si la vision de l’objet identificatoire provoque du plaisir, il sera aimĂ©, et, comme lors de la phase orale il sera incorporĂ© et dĂ©truit. Si cette vision suscite du dĂ©plaisir l’objet sera haĂŻ, reconnu comme autre c’est-Ă -dire comme non-moi ou pas reconnu comme moi, extĂ©rieur et servira par la haine qui le vise Ă  la conservation du moi. C’est le plaisir ou le dĂ©plaisir qui vont orienter et donc mettre en place cette diffĂ©renciation de l’hainamoration entre ses deux pĂŽles d’amour et de haine. Ainsi, ce qui est aimĂ© est reconnu comme constitutif du moi, sera idĂ©alisĂ© et tout Ă  fait conscient, entiĂšrement dialectisĂ©, significantisĂ©, avec une consistance Ă  la fois imaginaire et symbolique. Alors que ce qui est haĂŻ appartient au monde extĂ©rieur, n’est pas reconnu comme partie du moi et va connaĂźtre le destin de ce qui est cause dedĂ©plaisir. C’est dire que cet objet haĂŻ est objet de jouissance. En effet, on peut avancer que le dĂ©plaisir, dont se soutient Freud tout au long de sa dĂ©couverte de la psychanalyse et dont il tire la pulsion de mort, correspond Ă  ce que Lacan a nommĂ© jouissance. Ainsi, ce qui est cause de dĂ©plaisir, haĂŻ est de ce fait objet de la jouissance. La jouissance est Ă  situer dans le rĂ©el. C’est-Ă -dire qu’elle n’est pas soumise Ă  la logique du signifiant et pas consciente. Dans ce registre du rĂ©el la haine est pure jouissance. Ce qui apparaĂźt alors est ceci la haine se forme dans l’imaginaire suivant la phase du miroir, largement Ă©voquĂ©e lors du dernier sĂ©minaire, Ă  partir de ce premier sentiment d’hainamoration. Ce qui lui donne une consistance imaginaire, ce qui est la forme sous laquelle elle apparaĂźt au sujet. Dans un mĂȘme temps, elle devient un rĂ©el, en tant que jouissance, de façon Ă  ce que le sujet ne puisse l’apprĂ©hender qu’en tant qu’élĂ©ment imaginaire. 13 J. Lacan. Sem XVIII. D’un discours qui ne serait pas du semblant. Version Valas. P4. 14 SĂ©minaire I. Le moi dans la thĂ©orie de Freud et dans la technique de la psychanalyse. Version Valas. P 742. Ainsi se crĂ©ent Ă  la jonction du symbolique et de l’imaginaire la passion ou la cassure, si vous voulez, ou la ligne d’arĂȘte qui s’appelle l’amour, Ă  la jonction de l’imaginaire et du rĂ©el, celle qui s’appelle la haine, et Ă  la jonction du rĂ©el et du symbolique, celle qui s’appelle l’ignorance ». Cela a pour consĂ©quence importante concernant la clinique de la haine que cet aspect imaginaire peut s’enflammer sans qu’une limite symbolique puisse agir. C’est exactement ce que l’on peut observer actuellement dans le discours public, oĂč domine cet aspect purement imaginaire, et oĂč la rĂ©alitĂ© se dissout dans l’imaginaire et permet toutes les exagĂ©rations tant dans le mensonge pudiquement nommĂ© fake-news que dans les thĂšses complotistes et les ambiances de lynchage que l’on trouve dans le discours public, autant dans les rĂ©seaux sociaux que dans les discours des hommes et femmes politiques, mĂȘme ceux qui soutiennent des positions modĂ©rĂ©es. Aujourd’hui plus personne ne peut tenir un discours politique qui ne fait pas d’une façon ou d’une autre allusion Ă  l’immigration, aux Ă©trangers, c’est-Ă -dire pour le moins rĂ©fĂ©rence Ă  la haine. Tous les meurtres de masses et gĂ©nocides ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s par de tels discours. Ainsi, cet imaginaire de la haine vient masquer ce qu’il en est de la haine en tant que rĂ©el. Comme illustration, prenons l’exemple de ces discours ce qu’ils viennent dire, c’est que ces Ă©trangers, ces autres ne sont pas humains, ce sont des parasites, des cloportes, des choses, de façon Ă  les dĂ©sidentifier d’une figure Ă  laquelle on puisse s’identifier, un semblable. Il en va de mĂȘme pour ceux qui honnissent les migrants, oubliant qu’eux mĂȘmes sont des migrants ou enfants de migrants; il se produit pour eux une dĂ©sidentification. Rappelons que l’identification est un mĂ©canisme qui allie l’imaginaire au symbolique. Donc, la question se pose de comment introduire du symbolique dans la haine? Robert LĂ©vy, qui viendra ici en janvier prochain, nous parlera probablement de ce qu’il a appelĂ© l’identification idĂ©ale collective », comme une possibilitĂ© de mĂ©taphorisation, c’est-Ă -dire de symbolisation du rĂ©el. Ainsi, nous avons affaire Ă  ce qui concerne la nature rĂ©elle de la haine en tant que jouissance, c’est-Ă -dire la difficultĂ© Ă  la reconnaĂźtre, en particulier de la reconnaĂźtre comme partie intĂ©grante et constitutive de soi comme sujet. C’est une des plus grande difficultĂ© et rĂ©sistance lors des cures pour un sujet d’arriver Ă  se reconnaĂźtre dans sa jouissance. N’est-ce pas lĂ  le troisiĂšme pied de la passion, celle dont Lacan dit qu’elle est majeure, la passion de l’ignorance? Celle qui se caractĂ©rise par l’absence d’imaginaire. Celle qui permet de ne pas se connaĂźtre, Ă©quivalent Ă  ne pas se reconnaĂźtre dans l’Autre. Pour terminer, une courte remarque, faute de temps, pouvant ĂȘtre un prĂ©lude Ă  un autre travail. Nous nous demandons si ce qui dĂ©clenche la haine ne serait pas une perte de jouissance, un plus-de-jouir dans le sens de moins de jouir? Nous partons de cette phrase de Pontalis Contrairement Ă  ce que l’on croit, l’image du semblable, du double, est infiniment plus troublante que celle de l’Autre 15». La jouissance vise Ă  faire du UN, Ă  nier le symbolique et la division du sujet qui en est la consĂ©quence, la vision du double encore plus que celle de l’Autre, renvoie Ă  cette division subjective et ainsi entraĂźne une perte de jouissance. C’est cette vision du double, que Freud perçoit dans le miroir de son compartiment de train qui l’amĂšne Ă  Ă©crire son texte de l’inquiĂ©tante Ă©trangetĂ© ». Philippe Woloszko Metz, le 15 novembre 2018. 15 Pontalis, entretiens une tĂȘte qui ne me convient pas », Le genre humain, n°11, 1984-1985, P15. SHARE IT Entreren analyse, c'est rentrer dans un singulier espace de notre vie, oĂč les mots jonglent avec les maux et la rĂ©alitĂ© avec l'imaginaire. C'est un lieu privilĂ©giĂ© oĂč chacun.e expĂ©rimente sa langue dans son corps, oĂč la contradiction ordinaire, la culpabilitĂ©, le Lire plus. Et l’amour? par Sonia PinnavaĂŻa | 5 octobre 2021 | Lecture | 0 Commentaire « Si je commence Êtes-vous conscient de projeter des sentiments et des problĂšmes dans vos relations ? Que cela soit dans les relations amoureuses, avec nos amis, avec les membres de sa famille ou des collĂšgues, beaucoup de conflits prennent naissance Ă  cause de la projection de nos propres Ă©motions sur les autres que nous transfĂ©rons sur les autres tel un miroir. Alors, comment fonctionne cette projection psychologique et dans quelles circonstances avons-nous tendance Ă  projeter sur les autres ce que nous avons Ă  l’intĂ©rieur de nous-mĂȘmes ? Au plus profond de nos esprits se cachent de nombreuses pensĂ©es et sentiments que nous aimerions nier. Ces dĂ©sirs et ces impulsions sont si offensants pour la partie consciente de l’esprit qu’elle lance divers mĂ©canismes de dĂ©fense psychologiques pour les empĂȘcher d’entrer. Une façon de le faire est de projeter ces sentiments sur d’autres personnes pour la plupart, mais aussi sur des Ă©vĂ©nements et des objets dans le but d’externaliser le problĂšme. La projection psychologique est un mĂ©canisme de dĂ©fense qui se produit lorsqu’un conflit survient entre vos sentiments inconscients et vos croyances limitantes. Afin de maĂźtriser ce conflit, vous attribuez ces sentiments Ă  quelqu’un ou Ă  quelque chose d’autre. En d’autres termes, vous transfĂ©rez la propriĂ©tĂ© de ces sentiments troublants Ă  une source externe. À lire aussi Comment parler Ă  ses amis des violences qu’on subit ? Cette approche en psychanalyse provient originalement d’une thĂ©orie de Freud. C’est un moyen pour nos esprits de traiter les aspects de notre caractĂšre que nous considĂ©rons comme problĂ©matique. PlutĂŽt que d’admettre notre faille, nous trouvons un moyen de la corriger dans une situation externe Ă  nous. En projetant ces failles, nous pouvons Ă©viter d’avoir Ă  les identifier consciemment , Ă  en prendre possession et Ă  y faire face. Tout ce qui nous irrite sur les autres peut nous conduire Ă  une meilleure comprĂ©hension de nous-mĂȘmes. » – Carl Gustav Jung Voici 9 exemples de projection psychologique les plus courants Attirance pour une personne autre que votre partenaire. Un homme ou une femme qui ressent un fort sentiment d’attirance pour une troisiĂšme personne projette ces sentiments sur son conjoint et l’accuse d’ĂȘtre infidĂšle. Ce blĂąme est en fait un mĂ©canisme de dĂ©ni pour ne pas se sentir coupables de leurs propres dĂ©sirs pour une autre personne. ProblĂšmes d’image corporelle. Lorsque nous n’aimons pas l’image de notre corps, nous pouvons choisir d’ignorer ces soi-disant dĂ©fauts en saisissant chaque occasion de les repĂ©rer dans d’autres personnes. La projection vous permet de prendre le dĂ©goĂ»t que vous pouvez avoir pour votre apparence et de vous en Ă©loigner en la concentrant sur d’autres personnes. Ne pas aimer une personne. Lorsque nous n’aimons pas quelqu’un, nous cherchons parfois Ă  projeter ce sentiment sur elle afin que nous puissions justifier une raison de la dĂ©tester. Nous ne sommes pas disposĂ©s Ă  l’admettre consciemment, donc nous croyons que c’est l’autre qui ne nous aime pas. La jalousie. Si nous devions vraiment dire pourquoi nous n’aimons pas une personne, nous nous retrouvons souvent face Ă  face avec des qualitĂ©s que nous aimerions avoir, donc nous jugeons l’autre pour ce que nous n’avons pas. InsĂ©curitĂ© et vulnĂ©rabilitĂ©. Lorsque nous ne nous sentons pas sĂ»rs de certains aspects de nous-mĂȘmes, nous cherchons des moyens d’identifier une certaine insĂ©curitĂ© chez d’autres personnes. C’est souvent le cas avec un comportement d’intimidation oĂč l’intimidateur ciblera les insĂ©curitĂ©s des autres afin d’éviter de traiter ses propres prĂ©occupations. C’est pourquoi ils rechercheront les individus les plus vulnĂ©rables qui peuvent ĂȘtre facilement attaquĂ©s sans risque de reprĂ©sailles Ă©motionnellement douloureuses. La colĂšre. Afin de masquer la colĂšre qui peut faire rage Ă  l’intĂ©rieur, certaines personnes la projettent sur ceux avec lesquels ils sont en colĂšre. Nos comportements irresponsables. Nous n’aimons peut-ĂȘtre pas l’admettre, mais nous adoptons tous des comportements qui pourraient ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme irresponsables. Pour Ă©viter les sentiments de remords, nous projetons notre irresponsabilitĂ© sur les autres et les critiquons pour leurs actions. Nos Ă©checs. Lorsque nous nous percevons comme ayant Ă©chouĂ© Ă  quelque chose, il est courant pour nous de pousser les autres Ă  rĂ©ussir cette mĂȘme chose, sans se rendre compte que cela est une tentative de nier notre propre Ă©chec. Prenons par exemple l’athlĂšte ratĂ© qui force son enfant sur la route sportive dans le but inconscient de rĂ©aliser son rĂȘve au travers son enfant. Nos qualitĂ©s et rĂ©ussites. C’est l’un de ces rares cas oĂč nous projetons des aspects positifs de notre propre personnalitĂ© sur les autres. La projection peut ĂȘtre une chose consciente, mais la plupart du temps, elle a lieu sous la surface en fonction de l’inconscient. Cet Ă©lĂ©ment de la psychologie peut sembler efficace pour dĂ©fendre notre esprit contre la douleur, mais il y a deux problĂšmes fondamentaux qui vont Ă  l’encontre de cet argument La projection nous fait nous sentir supĂ©rieurs Ă  tous les autres car elle nous permet de nĂ©gliger nos propres dĂ©fauts et insuffisances tout en affinant simultanĂ©ment ce que nous percevons comme imparfait chez les autres. Tant que nous continuons de nier l’existence de ces sentiments, aucun mĂ©canisme ne peut nous aider Ă  les combattre et Ă  les surmonter. Ce n’est que lorsque nous acceptons qu’ils font partie de nous que nous pouvons commencer Ă  travailler Ă  travers eux et finalement nous en dĂ©barrasser complĂštement. La projection est souvent prĂ©judiciable Ă  nos relations avec les autres, donc toute tentative de l’éradiquer comme une habitude en vaut la peine. La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de reprogrammer la partie inconsciente de son cerveau et nous pouvons rĂ©aliser Ă  peu prĂšs n’importe quoi si nous prenons d’abord le temps de le reconditionner. Pour aller plus loin Pourquoi le manipulateur narcissique se place en position de victime ? Comment guĂ©rir nos blessures d’enfance avec la reprogrammation du subconscient ? Lorsque vous ĂȘtes capable d’affronter de front des sentiments indĂ©sirables, vous constaterez qu’ils sont beaucoup moins drainants ou dommageables Ă  long terme. Francis M. par Simplement Francis Je suis le fondateur de ce site, une communautĂ© multi collaborateurs ayant une portĂ©e rejoignant sur les mĂ©dias sociaux des millions de personnes chaque mois.... Visiter le site web Écrire Ă  Simplement Francis Suivez Francis M. 💙 sur les mĂ©dias sociaux Cet article vous a-t-il Ă©tĂ© utile ? Partagez-le avec vos amis! 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Ainsi « Ă©crire la psychanalyse » est un Ă©noncĂ© aporĂ©tique qui retrouve le hiatus entre thĂ©orie et pratique. Pourtant, on fait des psychanalyses comme on fait l’amour. Je prĂȘte toujours beaucoup d’attention aux premiĂšres phrases d’un livre. D’elles dĂ©pend que celui qui l’a ouvert poursuive ou non sa lecture. Ce livre de Stefan Zweig La confusion des sentiments » commence ainsi Ils ont eu une exquise pensĂ©e, mes Ă©tudiants et collĂšgues de la FacultĂ© voici, prĂ©cieusement reliĂ© et solennellement apportĂ©, le premier exemplaire de ce livre d’hommage qu’à l’occasion de mon soixantiĂšme anniversaire et du trentiĂšme de mon professorat, les philologues m’ont consacrĂ©. Il est devenu une vĂ©ritable biographie. » Avant d’en savoir plus sur le personnage que nous allons dĂ©couvrir et qui parle en son nom, qui tĂ©moigne de ce que fut sa vie, un mot nous attire celui de philologue », nous savons que celui qui s’adresse Ă  nous s’annonce comme un personnage amoureux de la langue et des textes. Sur ce point de l’amour de la langue, on peut dire que le psychanalyste ne peut ĂȘtre qu’un philologue, puisque c’est avec cela qu’il travaille mais que c’est aussi ce qui fait le plaisir et les charmes de son mĂ©tier, et c’est en cela que nous sommes sĂ©duits d’entrĂ©e de jeu par ce que le roman nous promet. La narrateur tenant en ses mains la somme de tous ses travaux se demande dans quelle mesure elle reprĂ©sente ce que fut sa vie Ainsi moi qui ai employĂ© toute une vie Ă  dĂ©crire les hommes d’aprĂšs leurs Ɠuvres et Ă  objectiver la structure intellectuelle de leur univers, je constatais prĂ©cisĂ©ment sur mon propre exemple, combien reste impĂ©nĂ©trable dans chaque destinĂ©e le noyau vĂ©ritable de l’ĂȘtre, la cellule mouvante d’oĂč jaillit toute croissance [
] Aucune algĂšbre de l’esprit ne peut la calculer. Aucune alchimie du pressentiment ne peut la deviner [
] Ce livre ignore tout du secret de mon avĂšnement Ă  la vie intellectuelle ». C’est donc le rĂ©cit de cet avĂšnement que le narrateur nous confie dans ce livre La confusion des sentiments », livre qui double en quelque sorte le premier, celui de sa biographie intellectuelle avec la somme de ses travaux. En effet dans cette biographie il manque un nom propre le nom de celui qui lui a en quelque sorte donnĂ© naissance dans le monde des idĂ©es L’index soigneusement Ă©tabli comprend deux cents noms il y n’y manque que le nom de celui d’oĂč partit l’inspiration crĂ©atrice, le nom de l’homme qui a dĂ©cidĂ© de mon destin et qui, maintenant avec une puissance redoublĂ©e, m’oblige Ă  Ă©voquer ma jeunesse. Il est parlĂ© de tous, sauf de lui qui m’a appris la parole et dont le souffle anime mon langage [
] Je veux ajouter un feuillet secret aux feuilles publiĂ©es, ajouter un tĂ©moignage du sentiment au livre savant, et me raconter Ă  moi-mĂȘme, pour l’amour de lui, la vĂ©ritĂ© de ma jeunesse. » Chaque analysant ne peut qu’ĂȘtre rendu sensible Ă  l’accent de cette affirmation me raconter Ă  moi-mĂȘme, pour l’amour de lui, la vĂ©ritĂ© de ma jeunesse ». N’est-ce pas en effet ce qu’il pourrait se dire si ce n’est quand mĂȘme qu’il pourrait la complĂ©ter d’une autre affirmation certes me raconter mais aussi lui raconter, lui raconter Ă  lui, l’analyste, cette vĂ©ritĂ© de ma jeunesse mais avant tout de mon enfance. Le narrateur Ă©voque donc sa vie d’étudiant et sa rencontre essentielle avec un merveilleux professeur qui donna un sens Ă  sa vie. Il nous raconte que d’abord il profita de sa vie d’étudiant Ă  Berlin et s’adonna aux plaisirs des sens avec de nombreuses conquĂȘtes fĂ©minines. Un soir son pĂšre arriva Ă  l’improviste dans sa chambre et le trouva en joyeuse compagnie. Le pĂšre y est dĂ©crit comme un pauvre homme, un homme dĂ©sormais ĂągĂ©, c’est son pĂšre rĂ©el. Il y a certaines paroles, Ă©crit-il, qui ne sont d’une vĂ©ritĂ© profonde qu’une seule fois, prononcĂ©es entre quatre yeux, et quand elles jaillissent spontanĂ©ment du tumulte inattendu des sentiments. Ce fut le seul entretien vĂ©ritable que j’eus jamais avec mon pĂšre, et je n’hĂ©sitais pas Ă  m’humilier volontairement ; je m’en remis Ă  lui de la dĂ©cision Ă  prendre. » Son pĂšre l’incite Ă  partir loin de Berlin, dans une petite universitĂ© oĂč il pourra travailler sĂ©rieusement. C’est lĂ  qu’il rencontre son pĂšre idĂ©alisĂ©, un brillant professeur qu’il dĂ©crit minutieusement. Il tombe sous le charme de sa parole. Au moment oĂč il pousse la porte de la salle de la confĂ©rence, il parle avec enthousiasme de la littĂ©rature Ă©lisabĂ©thaine MalgrĂ© moi je m’approchais davantage, afin de voir, par-dessus les paroles, les gestes remarquablement arrondis et Ă©largis des mains, qui parfois, lorsque sonnait un mot puissant, s’écartaient comme des ailes, s’élevaient en frĂ©missant et puis d’abaissaient peu Ă  peu musicalement avec le geste modĂ©rateur d’un chef d’orchestre. Et toujours la harangue devenait plus ardente tandis que, comme sur la croupe d’un cheval au galop, cet homme ailĂ© s’élevait rythmiquement au dessus de la table rigide, et, haletant, poursuivait l’essor impĂ©tueux de ses pensĂ©es traversĂ©es par de fulgurantes images. » Ce que Stefan Zweig dĂ©crit ainsi c’est ce que les romains appelaient raptus, c’est-Ă -dire l’envol d’un esprit au dessus de lui-mĂȘme ». En latin mĂ©diĂ©val ce raptus Ă©tait dĂ©fini comme une extase, un ravissement. Ne serait-ce pas une rĂ©fĂ©rence Ă  cette autre jouissance », cette jouissance au-delĂ  du phallus que dĂ©crit Lacan comme Ă©tant certes Ă  rapprocher de la jouissance mystique mais qui est aussi de l’ordre de la jouissance fĂ©minine ? Quoiqu’il en soit notre jeune hĂ©ros est subjuguĂ© par cet envol lyrique. A la suite de cette premiĂšre rencontre, dans ce roman, sous ce titre la confusion des sentiments », nous assistons donc au dĂ©veloppement d’une passion entre l’élĂšve et son maĂźtre. Du cĂŽtĂ© de l’élĂšve, cet amour pour le maĂźtre dĂ©crit Ă  merveille ce que Lacan a Ă©voquĂ© sous ce terme de pĂšre-version » ou version vers le pĂšre » et en quoi et surtout comment elle lui donne accĂšs Ă  toutes les formes de sublimation. C’est cet amour pour le professeur qui donne accĂšs Ă  l’amour du savoir, c’est par lui et grĂące Ă  lui que s’effectue la transmission. Lacan dans les derniĂšres annĂ©es de son enseignement, sous ce terme de pĂšre-version », avait en quelque sorte redonnĂ© quelque vigueur Ă  ce terme freudien depuis tombĂ© un peu en dĂ©suĂ©tude, celui d’ ƒdipe dit inversĂ© » ou ƒdipe nĂ©gatif ». De fait, pour un sujet masculin, il s’agit d’élire le pĂšre comme objet d’amour et la mĂšre comme objet rival par rapport Ă  l’objet d’amour, objet rival qui devient, de ce fait mĂȘme, objet de haine. Les positions s’inversent donc par rapport Ă  l’Oedipe dit normal positif ou le pĂšre qui Ă©tait objet de haine et la mĂšre vĂ©ritable et premier objet d’amour. De fait, comme Freud nous l’indique dans son article, le Moi, le ça et l’idĂ©al du moi, le sujet nĂ©vrosĂ© dĂ©veloppe un Oedipe dit complet c’est-Ă -dire Ă  la fois positif et nĂ©gatif, normal et inversĂ©, de telle sorte que l’ambivalence rĂšgne en maĂźtre aussi bien par rapport au pĂšre que par rapport Ă  la mĂšre. Lacan reprenant cette question sous le nom de la version vers le pĂšre, rĂ©partit ces composantes de l’ƒdipe selon trois temps logiques. Au premier temps, le signifiant du pĂšre permet de symboliser ce qu’il en est du dĂ©sir de la mĂšre, il reçoit sa signification avec l’aide du signifiant du phallus. Au second temps, la mĂšre doit ĂȘtre littĂ©ralement privĂ©e, chĂątrĂ©e de ce qu’elle n’a jamais eu, un phallus imaginaire, tandis que l’enfant doit ĂȘtre chassĂ© par le pĂšre de cette position d’objet mĂ©tonymique de la mĂšre, de son dĂ©sir de ne faire qu’un avec elle. Au troisiĂšme temps logique, c’est lĂ  que le pĂšre doit ĂȘtre prĂ©fĂ©rĂ© Ă  la mĂšre comme Ă©tant celui qui a le phallus. Mais lĂ , c’est Ă  son tour de faire la preuve qu’il l’a et surtout qu’il est capable de le donner. C’est lĂ  que le pĂšre rĂ©el est le plus souvent mis en dĂ©faut d’avoir Ă  soutenir cette haute fonction de pĂšre symbolique. Le symptĂŽme de chaque sujet est lĂ  pour lui venir en aide, pour remĂ©dier Ă  ses dĂ©faillances. Dans ces symptĂŽmes, c’est le pĂšre imaginaire, le pĂšre idĂ©alisĂ©, qui assure en quelque sorte la relĂšve du pĂšre rĂ©el, qui pare Ă  ses insuffisances. Ce roman de Stefan Zweig nous en livre avec beaucoup de subtilitĂ© la fiction littĂ©raire. Le jeune homme nous dĂ©crit l’état d’ñme qu’il Ă©prouve aprĂšs avoir Ă©coutĂ© cette brillante confĂ©rence Quant Ă  moi je ne pouvais pas bouger, j’étais comme frappĂ© au cƓur. PassionnĂ© et capable seulement de saisir les choses d’une maniĂšre passionnĂ©e, dans une sorte d’élan fougueux de tous mes sens, je venais pour la premiĂšre fois de me sentir conquis par un maĂźtre, par un homme ; je venais de subir l’ascendant d’une puissance devant laquelle c’était un devoir absolu et une voluptĂ© de s’incliner ». Mais ce nouvel engouement pour le professeur ne fut pas sans effet sur les ardeurs intellectuelles du jeune homme Pour la premiĂšre fois de sa vie il lut avec passion Shakespeare 
 je lus l’Ɠuvre du poĂšte comme je ne l’avais jamais fait auparavant. Peut-on expliquer des changements semblables ? Mais tout d’un coup je dĂ©couvrais dans ce texte un univers ; les mots se prĂ©cipitaient sur moi, comme s’ils me cherchaient depuis des siĂšcles ; le vers courait en m’entraĂźnant comme une vague de feu, jusqu’au plus profond de mes veines, de sorte que je sentais Ă  la tempe cette Ă©trange sorte de vertige ressenti quand on rĂȘve qu’on vole. » Dans les jours qui suivent, le jeune homme s’enquiert des travaux de son maĂźtre et dĂ©couvre qu’en fait il n’a jamais rien Ă©crit d’important. Ces quelques Ă©crits ne faisaient qu’annoncer une Ɠuvre qui n’avait jamais vu le jour. Il se rend Ă©galement chez lui Avec quel tremblement l’adolescent que j’étais, franchit-il ce seuil pour la premiĂšre fois ! Rien n’est plus passionnĂ© que la vĂ©nĂ©ration d’un jeune homme, rien n’est plus timide, plus fĂ©minin que son inquiĂšte pudeur. » Stefan Zweig dĂ©crit je trouve trĂšs bien ce que Freud avait interprĂ©tĂ© comme la position fĂ©minine passive du garçon vis-Ă -vis du pĂšre, position contre laquelle il se dĂ©fend de toutes ses forces viriles. Elle est par l’écrivain en tant que telle non seulement reconnue mais assumĂ©e. Au cours de sa premiĂšre rencontre avec son maĂźtre, nous voyons apparaĂźtre Ă  la porte du bureau comme ne retrait ce qui est pourtant l’élĂ©ment indispensable de la triangulation Ɠdipienne, la maĂźtresse de maison annonçant que le diner est servi. Elle vient ainsi interrompre le tĂȘte Ă  tĂȘte. Elle jouera un rĂŽle important dans ce roman. C’est elle qui aide en effet son jeune ami Ă  dĂ©couvrir l’homosexualitĂ© de son mari, elle l’aide Ă  en prendre conscience. C’est ce que dĂ©crit Stefan Zweig comme Ă©tant une confusion des sentiments », une confusion que le jeune Roland a beaucoup de mal Ă  dĂ©chiffrer. Dans ce roman on voit ainsi se dessiner ce qu’il en est de cette version vers le pĂšre qui caractĂ©rise la nĂ©vrose et celle qui caractĂ©rise la perversion en tant que structure, par rapport au dĂ©menti de la castration. Il y a en effet une trĂšs belle Ă©tude qui se dessine ainsi mais ce qui m’a surtout intĂ©ressĂ© dans cette Ɠuvre c’est surtout la façon dont le poĂšte dĂ©crit cette fonction de l’amour du pĂšre et de l’amour de l’enseignant pour transmettre l’amour de la culture, l’amour de la langue. Il en Ă©tait de moi comme ce prince du conte oriental qui, brisant l’un aprĂšs l’autre les sceaux posĂ©s sur les portes de chambres fermĂ©es, trouve dans chacune d’elles des monceaux toujours plus gros de bijoux de bijoux et de pierres prĂ©cieuses, et explore avec une aviditĂ© toujours plus grande l’enfilade ce ces piĂšces, impatient d’arriver Ă  la derniĂšre. C’est exactement ainsi que je me prĂ©cipitais d’un livre dans l’autre, enivrĂ© par chacun, mais jamais rassasiĂ© mon impĂ©tuositĂ© Ă©tait maintenant passĂ©e dans le domaine de l’esprit. J’eus alors un pressentiment de l’immensitĂ© inexplorĂ©e de l’univers intellectuel aussi sĂ©duisant pour moi que l’avait Ă©tĂ© pour moi le monde aventureux des villes
 » Il me semble que mĂȘme si cet accĂšs au monde aventureux du savoir inconscient ne peut ĂȘtre atteint qu’en partie, on peut calquer sur cette fonction de l’amour du maĂźtre, du professeur donnant accĂšs Ă  l’amour des lettres, Ă  l’amour de la langue, la fonction de l’amour du psychanalyste. Ce mĂȘme passage peut en effet avoir lieu entre l’amour de transfert dans l’analyse et ce que Lacan a appelĂ© transfert de travail » , ce qui assure la transmission de la psychanalyse, d’un sujet Ă  l’autre, ce qui permet Ă  l’analyste de se maintenir sur la brĂšche par rapport Ă  la survie de la psychanalyse et par rapport Ă  ces nĂ©cessaires rĂ©inventions.

ParChristelle Moreau, jeudi 7 novembre 2013 . Pour Freud dans "introduction Ă  la psychanalyse" (1), le symptĂŽme a un sens Ă  rechercher dans l'inconscient. Il fait un parallĂšle entre le symptĂŽme et la structure du rĂȘve, le symptĂŽme est un dĂ©sir rĂ©alisĂ©: "Le sympt reproduit d'une maniĂšre ou d'une autre cette satisfaction de la premiĂšre enfance, satisfaction dĂ©formĂ©e par la censure

Que peut la psychanalyse dans l'amour? Quels remĂšdes au chagrin d'amour? Avec Sarah Chiche, clinicienne et psychanalyste, auteur de "Une histoire Ă©rotique de la psychanalyse" Payot , 2018 et PacĂŽme Thiellement, essayiste et vidĂ©aste, auteur de "Sycomore Sickamour" Puf, 2018. L'amour sur le divan, avec Sarah Chiche, Ă©crivaine et psychanalyste, auteur d'Une histoire Ă©rotique de la psychanalyse de la nourrice de Freud aux amants d'aujourd'hui Payot, 2018. Ce que je tenais Ă  saluer, c’est le courage de ces femmes, ces hĂ©roĂŻnes, et ces femmes anonymes aussi, qui ont peut-ĂȘtre un savoir particulier sur la douleur. Sarah Chiche Une histoire de l’amour en psychanalyse et une histoire fĂ©minine, qui revient sur le rapport des femmes au dĂ©sir et sur leur rĂŽle fondateur, les prĂ©sentant Ă  la fois comme inspiratrices, crĂ©atrices et thĂ©oriciennes de la discipline. Quand on tombe amoureux de quelqu’un, on tombe amoureux du grand théùtre qu’il porte en lui et du théùtre d’ombres de nos morts, des gens qu’on aime
 Sarah Chiche En une cinquantaine d’histoires, d'Anna O. Ă  Marie Bonaparte, en passant par le prĂ©tendu triangle amoureux Freud-Martha-Minna Bernays et par l'homosexualitĂ© probable de sa fille Anna, l’ouvrage retrace notre rapport Ă  la psychanalyse et donc au sexe, Ă  l’amour et Ă  la libertĂ©. En dialogue avec l’écrivain PacĂŽme Thiellement, qui nous parle du mal d'amour dans Sycomore Sickamour PUF, 2018. Cliquez ici pour Ă©couter la premiĂšre partie de l"Ă©mission "PacĂŽme Thiellement, malade d'amour"
faitce glissement du dĂ©sir de l’Autre Ă  l’amour divin ? – (34)Nous savons que c’est une symbolisation du rĂ©el qui met en place le Un comme tel en ce point d’origine dans l’Autre. Ce Un dans l’Autre est un effet du langage. Comme nous l’enseigne Ch. Melman, nous l’appelons Dieu crĂ©ateur dans notre religion, mais
Souvent mĂ©connue, parfois caricaturĂ©e, la psychanalyse tient le premier rĂŽle dans la sĂ©rie En thĂ©rapie* », d’Olivier Nakache et Eric Toledano. Ses trente-cinq Ă©pisodes ouvrent les portes de l’inconscient et du cabinet d’un psychanalyste. Inutile de s’allonger pour les regarder ! Un policier de la BRI traumatisĂ© par les attentats du Bataclan Reda Kateb, une ado suicidaire CĂ©leste Brunnquell, une chirurgienne amoureuse de son psy MĂ©lanie Thierry, un couple en crise Pio MarmaĂŻ et ClĂ©mence PoĂ©sy tels sont les patients de Philippe Dayan FrĂ©dĂ©ric Pierrot. La sensibilitĂ© psy du cĂ©lĂšbre duo de rĂ©alisateurs, fil conducteur de leurs films, d’Intouchables au Sens de la fĂȘte, ne pouvait que s’épanouir dans cette adaptation de la sĂ©rie israĂ©lienne que confirme Vincent Poymiro, coscĂ©nariste On voulait dĂ©sacraliser et faire entrer les gens dans la tĂȘte d’un psy, leur permettre de revisiter une partie des concepts opĂ©ratoires dans les thĂ©rapies. On a souhaitĂ© ĂȘtre pĂ©dagogiques, mais ce n’est ni un traitĂ© de psy ni un documentaire, et encore moins un plaidoyer ». PlutĂŽt une façon de dĂ©montrer avec brio qu’ il faut savoir s’écouter et verbaliser », comme le rappelle Olivier Nakache. L’occasion pour nous de revenir sur quelques concepts et Ă©tapes du travail thĂ©rapeutique Ă  l’Ɠuvre dans cette fiction, avec Emmanuel Valat, psychanalyste et conseiller sur En diffĂ©rence avec la psychothĂ©rapieClassiquement, ce qui distingue psychothĂ©rapie et psychanalyse, c’est le dispositif. En psychanalyse, le patient s’allonge sur le divan. Dans la sĂ©rie, comme ce n’est pas trĂšs cinĂ©matographique de filmer un acteur toujours allongĂ©, les rĂ©alisateurs ont privilĂ©giĂ© le face-Ă -face, mais c’est bien une analyse que suivent les personnages. En face Ă  face, on parle Ă  quelqu’un qui nous regarde et que l’on regarde. On considĂšre alors que cette parole est diffĂ©rente de celle Ă©mise quand on est effet, dans cette situation, la parole gagne en libertĂ©, car elle s’affranchit de la prĂ©sence de l’autre. On est davantage en rapport avec soi. De plus, en psychothĂ©rapie, on travaille sur le symptĂŽme, sur ce qui fait mal, sur la raison pour laquelle la personne est venue. Sauf que ce symptĂŽme, une fois soulevĂ©, peut se dĂ©placer ailleurs. La psychanalyse, elle, tente d’aller encore plus loin puisque c’est ce travail qui consiste Ă  descendre dans les profondeurs de l’inconscient et de ce qui produit les cure Quand on vient consulter, c’est que l’on a quelque chose Ă  dire et quelque chose que l’on ne veut surtout pas dire », souligne Dayan, mais on vient pour que le psy entende, mĂȘme ce que l’on tait. Les gens entament une cure parce qu’ils sont dans une situation de souffrance et que les moyens qui sont les leurs pour les rĂ©gler ne fonctionnent plus. Mais un psy n’est pas un voyant. Dayan le dit bien Ce n’est pas moi qui sais. C’est vous ». Le travail est fait par le patient, mais il est soutenu et orientĂ© par le psychanalyste, notamment grĂące aux interprĂ©tations qu’il soumet ou qui sont donnĂ©es par l’analysant lui-mĂȘme, quand il est assez avancĂ© dans son analyse. Le rĂŽle du psy est de l’aider Ă  repĂ©rer les choses qu’il dissimule et montre Ă  la fois puisqu’elles sont dans ses gestes, dans ses paroles, dans ses manifestations inconscientes. On passe notre vie Ă  nous enfumer nous-mĂȘmes, mais la fumĂ©e se dissipe au cours d’une analyse », selon psy n’est pas un voyant. Dayan le dit bien Ce n’est pas moi qui sais. C’est vous »L’association libreC’est la rĂšgle d’or en psychanalyse. Dans la sĂ©rie, Dayan rĂ©pĂšte souvent Ă  ses patients Dites ce qui vous passe par la tĂȘte ». Car oui, on invite les analysants Ă  parler librement de leur histoire. Il y a des Ă©lĂ©ments que l’on a envie de trier, d’écarter et, en gĂ©nĂ©ral, ce sont ces points-lĂ  qu’il importe de reprendre. La parole permet aussi de faire revenir ses souvenirs, ses Ă©motions, de revisiter le passĂ©. La psychanalyse ne peut pas revenir en arriĂšre ou modifier ce qui est douloureux, mais les consĂ©quences de ce passĂ© sur notre prĂ©sent peuvent ĂȘtre changĂ©es. C’est l’opĂ©ration qu’offre la psychanalyse afin de vivre dans notre prĂ©sent autrement. Comme il est dit dans la sĂ©rie Le travail analytique permet de dĂ©mĂȘler certains nƓuds inconscients qui nous empĂȘchent de penser au prĂ©sent ».Le transfertIl n’est jamais loin du sentiment amoureux. Freud disait mĂȘme que c’est peut-ĂȘtre le seul amour vrai
 Parler librement de ce qu’il y a de plus intime en soi nous lie au psy trĂšs fortement. C’est ce que l’on appelle le transfert. Il est au cƓur du processus psychanalytique. Au moment mĂȘme oĂč je peux parler le plus librement possible de mon intimitĂ© Ă  quelqu’un, j’ai des sentiments pour cette personne. Il s’agit, pour le thĂ©rapeute, de bien l’accueillir pour permettre, grĂące Ă  cette force, le travail psychanalytique. Le transfert est bien la puissance Ă  partir de laquelle la cure peut ĂȘtre menĂ©e. Sans lui, point de cure. Il arrive que le transfert prenne une forme le cas pour Ariane, jouĂ©e par MĂ©lanie Thierry. L’enjeu pour le psy est de rĂ©ussir Ă  accueillir ce transfert et de ne pas y rĂ©pondre dans le rĂ©el, bien sĂ»r. On ne couche pas avec ses patients. C’est une rĂšgle fondamentale », comme le rappelle Esther, la superviseuse de Dayan. A l’opposĂ©, on parle de transfert nĂ©gatif quand le patient Ă©prouve de l’agressivitĂ©, voire de la haine, pour son psy. Dans la sĂ©rie, Adel, le policier, est happĂ© par lui, insulte Dayan, mais c’est juste une Ă©tape qui lui permet d’aller chercher tout ce qu’il ne pouvait pas dire. En effet, si l’on parvient Ă  traverser le transfert nĂ©gatif, des choses majeures surviennent, mais la tentation est forte, du cĂŽtĂ© de l’analysant, de se dire Ce psy est si dĂ©testable que je ne vais pas revenir le voir ».L’argentEtre psychanalyste est un mĂ©tier, il est donc normal d’ĂȘtre payĂ©. Souvent, le tarif varie d’un patient Ă  l’autre, selon ses revenus. Il faut que ça vous coĂ»te », souligne Dayan. C’est aussi l’argent qui permet au patient de couper court Ă  un transfert qui l’engagerait trop profondĂ©ment envers son psy. S’il ne le payait pas, il serait dans une dette impossible ou invivable. Françoise Dolto considĂ©rait d’ailleurs que les enfants devaient eux aussi payer symboliquement la sĂ©ance en lui offrant un dessin, un superviseur ou le contrĂŽleurPour rĂ©sumer, c’est le psy du psy. Dans la sĂ©rie, ce rĂŽle est tenu par Carole Bouquet. Dayan revient la voir, car il est en crise. Ce qui se passe pour le psychanalyste a besoin aussi, Ă  un moment donnĂ©, d’ĂȘtre dĂ©posĂ© et retravaillĂ© ailleurs pour ne pas venir compliquer son travail avec ses patients. Pour devenir psychanalyste, il faut avoir suivi aussi une analyse, laquelle peut se poursuivre ponctuellement, si les blessures des patients font resurgir celles du psy. Car l’analyste a eu luimĂȘme affaire Ă  ses propres souffrances. Pour comprendre les dĂ©mons des autres, il faut avoir travaillĂ© sur les manifestations inconscientesIl y a une diffĂ©rence importante entre ce que l’on dit et ce que l’on croit dire. Une parole s’exprime Ă  notre insu. Dayan, par exemple, pensant parler de son rhume, dit Quelle crĂšve, j’en peux plus
 ». Mais sa superviseuse, sachant qu’il rencontre des difficultĂ©s avec sa femme, entend Qu’elle crĂšve, j’en peux plus ! » Dans ce dĂ©calage, l’inconscient surgit et lui ne se trompe jamais ! Les formes classiques de la manifestation de l’inconscient sont le rĂȘve, les actes manquĂ©s, les lapsus, les Ă©quivocitĂ©s de rĂ©sistanceOn dĂ©finit ainsi ce qui empĂȘche les gens d’avancer. MalgrĂ© toute la souffrance qu’un patient peut Ă©prouver, il y est bien et cela vaut pour chacun d’entre nous. La rĂ©sistance, les mĂ©canismes de dĂ©fense sont des formes d’économie psychique. On produit toute une Ă©nergie au cours de la cure pour rĂ©sister au changement que l’on derniĂšre sĂ©anceD’aprĂšs Freud, on peut considĂ©rer qu’une psychanalyse est rĂ©ussie quand la personne a rĂ©appris Ă  aimer et Ă  travailler. Sa maniĂšre de vivre s’est modifiĂ©e une sĂ©paration s’est enfin faite, une histoire amoureuse prend des allures diffĂ©rentes des prĂ©cĂ©dentes qui n’aboutissaient jamais, un rapport au travail s’est enfin apaisé  Ce sont des signes manifestes. Les personnes trouvent les moyens de vivre autrement leur propre existence. Chaque cure a son propre tempo. Elle dure le temps dont le patient a besoin.*En intĂ©gralitĂ© sur et le jeudi, Ă  20h55, jusqu’au 18mars, sur Arte.>A dĂ©couvrir Ă©galement Les 6 astuces d'un psy pour apprivoiser ses cauchemars
\n\n \n\nc est quoi l amour en psychanalyse
Lamour est un concept que bien peu de gens, Ă  ma connaissance, maĂźtrisent ou du moins en maĂźtrisent le sens et l’essence. Le plus simple, pour rĂ©aliser cette vĂ©ritĂ©, c’est de lancer le sujet de l’amour « en sociĂ©tĂ© » Ă  l’occasion d’un repas ou d’une rĂ©union, peu importe. Vous verrez que, dans plus de 90% des cas, quand vous lancez le sujet, les gens y rĂ©pondent par Eros et Thanatos – Quelques repĂšres mythologiques Ă  l’usage de la psychanalyse François GĂ©rard – Cupidon et PsychĂ© – 1798 Et si le monde Ă©tait une pulsation rythmĂ©e de vie et de mort », de mouvements perpĂ©tuels, d’apparition et de disparition – Il court, il court, le furet » – pointait Lacan pour illustrer le caractĂšre mĂ©tonymique du dĂ©sir et d’aspiration Ă  l’équilibre, Ă  la satiĂ©tĂ©, Ă  l’image de la mort. Telle pourrait ĂȘtre une reprĂ©sentation du couple oxymore d’Eros et Thanatos dans la mythologie grecque. La mythologie demeure elle-mĂȘme structurĂ©e sur un couple cardinal de contraires conflictuels, constituĂ© de Mythos Tu racontes des bobards », pouvons-nous imaginer dans le propos de Platon soulignant une origine chaotique aux mythes et de Logos, expression d’une parole discursive et organisĂ©e. Chaos, conflictuel, pulsions et contre-pulsions », fait advenir l’engendrement des thĂ©orie des pulsions selon Freud est notre mythologie et les dieux de la mythologie ne sont que des figures de nos les mythologues, les gĂ©nĂ©alogies fluctuent selon les auteurs, poĂštes ou philosophes, des prĂ©-socratiques aux post-socratiques. Un profil d’Eros Dans la thĂ©ogonie engendrement des dieux d’HĂ©siode, au commencement Ă©tait le Chaos l’abime, la bĂ©ance, le non-lieu, d’oĂč il ne sort rien, l’ouvert » pour Jean-Pierre ce Chaos Ă©mergeront cinq divinitĂ©s dont Eros, le plus beau des immortels, Gaia, la terre mĂšre primordiale matrice de la vie, Tartare, le lieu divin du chĂątiment, Nyx, la nuit et ErĂšbe, les tĂ©nĂšbres. La Terre engendrera le Ciel Ouranos le PĂšre.Pour Pierre Legendre La 901° conclusion Ă©tude sur le théùtre de la raison, Fayard, 1998 ce PĂšre – Ouranos sorti de la mĂšre archaĂŻque – serait l’expression d’un fantasme infantile du sexe unique. Si ces divinitĂ©s sont toutes des lieux constitutifs de l’espace, Eros apparait comme la force qui pousse Ă  l’engendrement, le dynamisme, la puissance qui met en mouvement, la propulsion qui met hors de soi, le principe universel qui assure les gĂ©nĂ©rations en rendant les ĂȘtres qu’il est, il incarne l’amour, le dĂ©sir, l’érotisme, la pulsion de vie. Eros a pour frĂšre AntĂ©ros, prĂ©sentĂ© selon les auteurs comme frĂšre rival crĂ©ateur de dĂ©samour, ou comme l’amour retournĂ©, rĂ©ciproque, et reprĂ©sente dans le discours de Socrate sur l’amour le sentiment amoureux d’un jeune garçon ÉromĂšne pour la thĂ©ogonie orphique OrphĂ©e, initiateur mythique, Eros nait d’un Ɠuf primordial nommĂ© Protogonos le premier nĂ© ou PharĂšs qui fait Ă©tinceler les ailes d’or sur son dos qui, en unissant tous les Ă©lĂ©ments, crĂ©e l’origine du serait pour Jean-Pierre Vernant le premier Eros non sexuĂ© France culture Le bon plaisir, 1994. Le second Eros, sexuĂ©, naĂźtrait de l’émasculation d’Ouranos par l’un de ses fils, Chronos, qui jette le sexe de celui-lĂ  Ă  la mer. Ainsi naissent Aphrodite, de l’écume spermatique Aphros » signifie Ă©cume et Eros, sexuĂ© Ă  l’origine, de l’union entre les mĂąles et les femelles. Aphrodite sortant nue des flots et chevauchant une conque est magistralement reprĂ©sentĂ©e dans le tableau de Botticelli. Il est Ă  noter que cette beautĂ© absolue Ă©merge d’une sanglante horreur, de l’émasculation d’un homme
 GĂ©rard Miller Malaise, Seuil, 1992 fait remarquer que cette perfection la VĂ©nus sera Ă  notre Ă©poque dĂ©-voilĂ©e, habillĂ©e par des hommes couturiers homosexuels qui mettront en scĂšne dans un dĂ©filĂ© de mode ces belles femmes mannequins inaccessibles en tenues vaporeuses, irrĂ©elles, telles des muses au regard portĂ© vers un au-delĂ . Ces beautĂ©s parfaites mĂ©dusent » les photographes hommes rendus quasiment impuissants, rivĂ©s Ă  leur bien le plus prĂ©cieux, leurs gigantesques tĂ©lĂ©objectifs phalliques. Dans cette comĂ©die des sexes, beautĂ© absolue et horreur de la castration se Ă  l’évĂ©nement traumatique de la dĂ©couverte de la castration, notamment maternelle, Ă©vĂ©nement Ă  la lisiĂšre de l’imaginable, Ă©vĂ©nement qui conduit Lacan Ă  forger le nĂ©ologisme de troumatisme », le sujet invente alors quelque substitut pour combler le trou dans le RĂ©el, ce trou liĂ© au la plupart des auteurs, Eros est fils d’Aphrodite, dĂ©esse de l’Amour et d’ArĂšs, dieu de la Guerre. Chez les Romains, la correspondance d’Eros est Cupidon, fils de VĂ©nus et de est reprĂ©sentĂ© en enfant ailĂ© muni d’un arc et d’un carquois garni de deux types de flĂšches en or et pointues, elles gĂ©nĂšrent dĂ©sir et amour, en plomb et Ă©moussĂ©es, elles immunisent contre toute avance. Les Erotidies, en quelque sorte notre Saint-Valentin », sont cĂ©lĂ©brĂ©es dans son sanctuaire Ă  mythe d’Eros et PsychĂ© illustre l’amour aveugle » ou l’amour de deux ĂȘtres, impossible au grand jour, allĂ©gorie entre un amour charnel et un amour divin, une histoire d’ailes entre PsychĂ© aux ailes de papillon PsychĂ© » signifiant papillon et Eros aux ailes d’oiseau. PsychĂ©, l’une des trois filles d’un roi de GrĂšce, est dotĂ©e d’une beautĂ© extraordinaire. Aphrodite se montre jalouse et demande Ă  Eros de dĂ©cocher une flĂšche pour qu’elle tombe amoureuse de la crĂ©ature la plus laide. Par erreur, Eros se blesse et tombe amoureux de PsychĂ© qu’il emmĂšne secrĂštement dans son palais. Il la rencontre dans le noir et il lui fait promettre de ne jamais dĂ©couvrir son visage, mais la curiositĂ© trop forte l’entraine Ă  dĂ©couvrir ce mystĂ©rieux ĂȘtre tant aimĂ©. Pendant son sommeil elle approche une bougie, mais une goutte huile tombe et rĂ©veille Eros. Elle dĂ©couvre alors la beautĂ© du dieu de l’amour. La promesse est rompue, Eros s’envole dans la douleur. PsychĂ© part Ă  sa recherche et prie Aphrodite qui demeure d’autant plus jalouse que PsychĂ© entretient une relation amoureuse avec son fils. Aphrodite va alors lui imposer une sĂ©rie d’épreuves dont la derniĂšre est de rencontrer PersĂ©phone dans le royaume d’AdĂšs et de lui rapporter une boĂźte contenant une partie de sa beautĂ©. Une fois encore, PsychĂ© dĂ©rogera Ă  cette injonction en ouvrant la boĂźte. Une brume sort de la boĂźte et l’endort Serait-ce Hypnos, frĂšre de Thanatos ?. Eros interprĂšte ces Ă©preuves comme autant de manifestations d’amour. Emu, il part Ă  sa rencontre et remet la malĂ©diction dans la boĂźte. PsychĂ© se rĂ©veille alors et ils s’enlacent. Elle devient alors immortelle et dĂ©esse de l’Esprit. Ils ont pour descendante une fille nommĂ©e Edone, dĂ©esse de la voluptĂ©. Ce mythe de PsychĂ© est fondamental, en tant que la psychanalyse est l’analyse de PsychĂ©, et mĂ©rite un dĂ©veloppement. Guy Massat, dans un sĂ©minaire du 30-10-2006 sur le mythe de PsychĂ©, avance l’idĂ©e que les trois figures illustrent des pulsions de vie Eros la libido, Aphrodite la beautĂ© et PsychĂ© le charme et la force vitale inconsciente, laquelle devient immortelle aprĂšs une sĂ©rie d’ et PsychĂ© illustreraient alors deux figures de la femme. Dans le banquet de Platon, six personnes essaient de dĂ©finir la nature d’ Socrate, il apparaĂźt comme un intermĂ©diaire entre les Dieux et les hommes il naĂźt de Poros, dieu de l’ingĂ©niositĂ©, de l’abondance, dotĂ© de savoirs et de ressources son Ă©tymologie montre qu’il n’est jamais dans l’aporie et de PĂ©nia, figure de pauvretĂ©, de misĂšre, dĂ©pourvue de savoirs et toujours dans le manque !Eros hĂ©ritera de ces deux parents. Il sera va-nu-pieds », malpropre, sans gĂźte, telle sa mĂšre, mais Ă  l’affut de tout ce qui est beau et bon, viril, chasseur redoutable, rusĂ©, magicien Ă  l’instar de son pĂšre ; il sera pauvre mais toujours astucieux pour charmer, toujours dans le manque de l’ĂȘtre aimĂ©, en un mot en dĂ©sir, Ă  l’image de Don reste intrinsĂšquement contradictoire, exaltant et dĂ©cevant, et quelle que soit sa gĂ©nĂ©alogie, il est plus ou moins redoutĂ©, grĂące Ă  son pouvoir de faire aimer. Une esquisse de Thanatos Dans la ThĂ©ogonie d’HĂ©siode, Thanatos est tantĂŽt fils d’ErĂšbe, dieu des enfers et de Nyx, dĂ©esse de la nuit, tantĂŽt, par parthĂ©nogenĂšse, Nyx l’a conçu seule c’est-Ă -dire sans union sexuelle. Thanatos le trĂ©pas » possĂšde un frĂšre jumeau, Hypnos, personnalisation du sommeil et d’une forme de petite mort, et une sƓur Lyssa, dĂ©esse de la folie furieuse est la personnification de la mort, rĂ©fugiĂ© dans le Tartare, sĂ©jour des morts. RedoutĂ©, son nom est tu par superstition, et il est reprĂ©sentĂ© dans un corps amaigri, squelettique et souvent recouvert d’un voile, tenant une faux et une urne contenant des cendres. Ennemi des humains, au cƓur d’airain, il considĂšre les hommes comme faibles et sans reste une figure mineure qui ne donne pas lieu Ă  un mythe. Il est essentiellement attachĂ© Ă  deux Ă©pisodes ceux de Sisyphe et d’ le rusĂ© dĂ©fie la mort et piĂšge Thanatos en l’enchaĂźnant avec des menottes, mais dans un second temps, Thanatos, aidĂ© de Zeus, amĂšne Sisyphe aux enfers oĂč il sera condamnĂ© Ă  rouler un rocher jusqu’au sommet d’une butte. Le rocher dĂ©valera la pente et Sisyphe devra recommencer Ă  perpĂ©tuitĂ© on n’échappe pas Ă  la mort qui gagne toujours
 Nous sommes seulement en entre en lutte contre la mort, attache Thanatos pour dĂ©livrer Alceste fille de PĂ©lias des enfers. Le couple oxymore Eros et Thanatos Ce couple de dieux grecs sera retenu par Freud comme l’intrication de figures antagonistes et articulĂ©es sous le concept de pulsion de vie et de pulsion de mort de destructivitĂ© ». Le monde apparaĂźt alors comme une pulsation rythmĂ©e de vie crĂ©ative et de mort est conçu dans un entre-deux, entre un Dieu et une mortelle, Ă  la porte du palais, ni dedans, ni dehors. Il est l’expression du jeu dans cet entre-deux. C’est la vie dans son perpĂ©tuel renouvellement, dans son esthĂ©tisme Ă  travers le plaisir de crĂ©er et de susciter le dĂ©sir amoureux et sexuel. Le dĂ©sir est Ă©tymologiquement l’arrachement Ă  la fixation » sidĂ©ration de l’étoile, la dĂ©-sidĂ©ration » reprĂ©sentant la quĂȘte vers l’étoile manquante, dĂ©sir toujours en mouvement dĂ©sĂ©quilibrant et tendant vers l’équilibre, mouvement qui entraine vers l’autre. Ce dĂ©sir qu’on ne peut jamais attraper est Ă  l’image du furet pour Lacan il court il court le furet, le furet du bois mesdames », en une allusion sexuelle dans la contrepĂšterie de cette comptine de 1720 faisant rĂ©fĂ©rence au cardinal Dubois rĂ©putĂ© pour son amour des sera au contraire l’aspiration Ă  l’équilibre, la stabilitĂ©, la satiĂ©tĂ© hors de la faim, de la soif, image de la mort Ă  l’instar d’un organisme parfait sans besoin de son environnement. Sur l’Olympe, Zeus et les treize autres olympiens viennent de gagner la guerre contre les Titans, ils se retrouvent dans un monde paisible, harmonieux et commencent Ă  s’ennuyer. Le besoin de vie, Eros, se fait sentir pour ne pas chuter dans cet Ă©quilibre paradoxalement mortifĂšre qu’est Thanatos. Alors ils inventent les humains pour se distraire ! Guy Decroix – Octobre 2020 – Institut Français de Psychanalyse© 34RL1H3 Copyright Institut Français de Psychanalyse onCVYxj.
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